Cacao : le marché de la transformation s’anime au Cameroun avec l’arrivée annoncée de deux nouvelles usines

de 15% en glissement annuel, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS). Les ventes à l’international du chocolat camerounais et ses dérivés ont quant à elles rapporté plus de 6 milliards de FCFA en 2022, selon la même source.

Des usines sans fèves 

Au demeurant, apprend-on de sources internes à la filière, alors que toutes ces unités de première et 2e transformation cumulent environ 150 000 tonnes de capacités installées, certaines d’entre elles sont souvent en panne de fèves, en raison de la razzia effectuée sur le marché par les exportateurs généralement affiliés à de grands négociants internationaux. Cette rareté des fèves dans certaines unités de transformation industrielle récemment installées au Cameroun est telle que l’une d’entre elles, révèle une source autorisée, a dû introduire auprès du gouvernement une autorisation d’importation de fèves pour faire tourner son usine. Une autre, soutient la même source, a été contrainte de mettre une partie de son personnel en congé technique en pleine saison cacaoyère, faute de fèves à broyer.

De sources internes au ministère des Finances, ce sont ces plaintes récurrentes des transformateurs de cacao en rapport avec leurs difficultés d’approvisionnement en fèves, qui ont conduit à l’instauration, dans la loi de finances 2023 de l’État du Cameroun, d’une taxe sur les exportations de fèves brutes. « Sans préjudice des redevances applicables, les fèves de cacao exportées sans transformation sont soumises à un droit de sortie autonome au taux de 10% de la valeur FOB. Ce taux est de 2% pour les fèves de cacao exportées vers les points francs industriels ou les régimes assimilés », peut-on lire dans ladite loi.

Cependant, en dépit de cette mesure visant à réduire les exportations de fèves et à encourager la transformation locale, le Cameroun reste très éloigné du volume de 300 000 tonnes de fèves transformées par an, prévu dans le plan de relance des filières cacao-café. Pour atteindre cet objectif, soutient-on au sein de la filière, il faut non seulement gagner la bataille de la hausse de la production (objectif de 600 000 tonnes dans le plan de relance, contre environ 300 000 tonnes actuellement, NDLR), mais aussi garantir l’approvisionnement des usines face à la razzia des exportateurs. Cet équilibre, de l’avis de certains acteurs de la filière cacao, pourrait passer par l’instauration d’une politique des quotas (entre exportateurs et transformateurs) dans les achats de fèves au fil des campagnes.